02 A l'auberge

Vers 13h, Charles, Nâdish, Aindreas et John firent leur entrée dans l’auberge. Pete, Iris et Mihail étaient assis à une table accompagnés d’une vieille femme toute voûtée et ridée qui avait l’air d’un bohémienne dépenaillée. Les explorateurs d’un jour avaient quand à eux les chaussures et pantalons crottés, des mines fourbues et un sac a dos rempli de champignons. La moisson avait été bonne !
A mesure qu’ils s’approchèrent de la table, ils purent lire dans les yeux de leurs compagnons que quelque chose de troublant s’était produit. Tous prirent donc place sur des chaises qu’ils prirent aux tables voisines. L’heure était au bilan de la matinée.

Dès son arrivée,Charles remarqua aussitot de la présence d'Iris et lacha ses compagnons de recherche pour s'enquerir de la matinée de sa chère et tendre -et impulsive- compagne.

Alors Iris ,cette matinée..?

fit il en regardant Iris ,tout en jetant un oeil à l'inconnue..

Pete, blanc comme un linge, tenta d'expliquer à ses compagnons ce que Iris, ses compagnons & lui avaient vu...

Il expliqua la rencontre avec la diseuse de bonnes aventures. Le tirage de carte (le tarots) qui avaient effrayés cette dernière. Pete retranscrit les propos de Sarena, du moins ce qu'il se souvenait:


Du haut de ses 85 ans, elle avait pas mal voyagé et entendu beaucoup de bruits & de rumeurs. Apparemment, elle ne croyait pas en la théorie du baron vampire car elle avait vu 3 barons différents se succéder. Elle suppose que le titre restait dans la famille, mais dans d'autres branches (neveu ou cousin).

Puis Pete parla plus bas et se pencha vers ses amis pour parler de l'indescriptible, l'horrible expérience qu'ils avaient vu. Cette femme avait un fils bûcheron qui vivait encore il y a une bonne heure. Son fils s'est fait attaqué par ... Pete fit des gestes pour décrire l'aspirateur à sang. Personne ne comprenait ce qu'il essayait de montrer. Il reprit alors son récit

Il était là, dehors, suspendu par quelques fils invisibles à un bon mètre du sol, comme en lévitation. Il se débattait contre une chose non moins invisible. Nous ne pouvions détacher nos yeux de ce spectacle, incapables de se ressaisir. A mesure qu’il se débattait, plus il était inexorablement replié vers l’arrière suivant un angle impossible que même le plus doué des contorsionnistes ne parviendrait à imiter. Quelques instants plus tard, sa colonne vertébrale se brisa nette suivant un craquement horrible laissant le pauvre homme replié en deux, toujours entre ciel et terre. Cette pauvre femme venait d'assister à la mort sous ses yeux de son fils. Elle n'avait rien pu faire. Je m'approchit donc du corps, non pas pour sauver ce malheureux, mais pour voir qui ou quoi avait provoqué ce sinistre évènement. Quel mal m'en prit...

Pete récupéra son souffle, but une longue gorgée et reprit son récit


A mesure que je m’approchait du corps, nous vîmes tous quelque chose qui dépassait l’entendement. Alors que nous pensions que l’homme avait été torturé par quelque force invisible (bien que cela en soit ne soit pas très commun), quelque chose de bien palpable était à l’origine de cette horreur. Cela prit tout d’abord la forme de minces filaments rouges qui se déroulaient depuis le malheureux. Les filaments devinrent de plus en plus gros et nombreux. Je pu me rendre compte que ce n’étaient pas réellement des filaments mais plutôt de minces tubes qui se remplissaient de... sang... Non, ils ne grossissaient pas... Uniquement l’afflux de liquide rouge qui les rendait... visibles ! Tous ces tubes convergeaient vers une poche qui se remplissait petit à petit et devenait visible à son tour, comme un estomac au cours d’un macabre festin. J'étais complètement pétrifié...

Pete regarda Iris et lui sourit amicalement tout en lui donnant une petite tape dans le dos

Heureusement, Iris a su me ramener à la réalité. Nous n'étions pas assez fort face à ça. Nous avons pris nos jambes à nos cous et rejoins le plus vite possible. Et maintenant, nous essayons d'oublier... devant une bière...

Ce récit l'avait un peu soulagé, mais pour combien de temps... Il y avait désormais bien pire qu'un vampire à affronter...

Charles resta interdit en écoutant le discours tragique de Pete.Les derniers evenements vécus par ce dernier et Iris contrastaient d'une manière horrible avec leur insouciante chasse aux champignons.

Et je n'étais pas là pour les protéger..que ne donnerais je pas pour avoir pu vider mes chargeurs sur cette ..abomination !

La machine à tuer se remettait en marche.Cependant l'instinct de survie de Charles lui rapella jeremy..ses balles n'avaient fait que l'effleurer..lui aussi sucait le sang de ses victimes..

Il aurait pu étre un hybride entre l'humain et cette nouvelle horreur, qui ,dieu soit loué n'avait pas touché Iris.

Charles posa une main sur celle de la vieille femme ..

Je suis désolé pour votre fils , madame.
Nous allons tout faire pour le venger.Il est des choses en ce bas monde qui n'ont pas le droit d'être.


Charles était par contre beaucoup plus circonspect sur la marche à suivre.D'une les circonstances de l'apparition de la chose lui étaient encore inconnues, et les moyens locaux de l'équipe étaient des plus limitées.

Il se rapprocha alors d'Iris qui semblait quasiment catatonique.Il l'étreignit tendrement,sans pour une fois vraiment profiter de la chaleur de ses rondeurs.

C'est fini,Je suis là.lui murmura il à l'oreille en s'attendant à se faire repousser par la jeune femme ,toujours fière.

Non..aucune réaction.Le choc semblait l'avoir durement ébranlé.

Nadish était stupéfait des nouvelles qu'il venait d'entendre, il n'aurait jamais imaginé que ses compères couraient un tel danger en rendant visite aux roms... surtout que l'hypothèse qu'ils avaient tous plus ou moins acceptée était clairement orientée autor du baron!

Il comprenait la terreur qui devait résulter de cette rencontre avec une autre 'abomination'....

Combien de temps depuis l'attaque s'est-il écoulé? Si nous faisons vite peut être pouvons nous allez régler son sort à cette bestiole. Je crois que Charles n'y verra pas d'inconvénient à ça !

Pensez vous que nous 3 en renfort y pourrons quelquechose? A quoi ressemblait cette créature? Aucun idée de sa provenance? Vous étiez loin du camp des roms?

J'ai tant de question... mais peut être devrions déjà nous mettre en chemin, avant de perdre sa trace...

Nadish trépignait.

Nadish en perdait même son flegme habituel.C'était à vrai dire aussi improbable que ce que Charles venait d'entendre de la bouche de Pete.

Quoi qu'il en soit, l'idée n'est peu être pas si stupide que cela..à un détail près pensa Charles.

Dites, Pete..cette "chose" n'est devenue visible qu'après avoir commis son ignoble forfait ? Etes vous restés assez longtemps pour savoir si elle restait visible?

Supprimer des abominations,c'est une chose, s'offrir en plat de résistance en est une autre..

De plus nous ne savons pas si les balles lui feront un quelconque effet..rappelez vous "Jeremy"..n'est ce pas Aindreas?

Sur ce Charles se leva et alla s'entretenir discretement avec Drobne.(Mp)

Iris sortait de ses pensées. Des pensées sombres. Elle entendait ses amis parler, s'inquiéter, réconforter. Mais elle était livide, comme épuisée.

Inutile, Nâdish... le monstre en question s'est envolé alors que nous prenions la fuite. Il a dû être repu de son horrible repas...

Elle se tourne alors vers Mihail.

Je suis responsable de ta sécurité, Mihail... et ce que nous avons vu, quoique ce soit, est dangereux. Tu continueras donc ce pour quoi nous sommes ici, c'est-à-dire notre étude ethnologique, à condition que tu restes dans l'enceinte du village et ne sorte qu'à des heures de plein soleil. Le reste du temps, tu es consigné dans ta chambre... et tu partiras par la prochaine calèche, c'est-à-dire dans 4 jours, avec tout le matériel et nos enregistrements. Je te donnerai de quoi prendre le train jusqu'à Bremen où tu nous attendras et nous prendrons plus tard ensemble le navire pour Boston, comme nous avions initialement prévu.

Elle le regarde dans les yeux.

Et pas un mot de tout ceci à qui que ce soit. Un ethnologue digne de ce nom ne colporte pas de fadaises non étayées et cherche les vraies raisons de ce qu'il a vu ou cru voir. J'espère que j'aurai des réponses rationnelles à te donner lorsque nous te rejoindrons à Bremen.

Elle regarde alors tout le groupe.

Et le seul endroit où j'espère trouver des réponses, c'est bel et bien dans la bibliothèque du prêtre local... nous y retournons dès que possible.

Enfin, se retournant vers Sarena, la vieille tsigane, elle lui parle en Roumain.

Sarena... vous qui avez tiré les cartes juste avant le drame... il semble évident que le tarot ne parlait pas de moi, mais bel et bien de ce qui est arrivé à votre fils. Sarena, si vous savez autre chose, dites le moi, que je puisse à mon tour vous aider...

Sarena était comme... absente. Elle regarda Iris mais on ne devinait pas la moindre étincelle de vie dans ses yeux. A l'évidence, le fils muet et simplet qui venait de se faire massacrer sous ses yeux était sa seule famille. Avec lui s'éteignait la lignée et la joie de la vieille diseuse de bonne aventure. Elle répondit simplement qu'elle n'en savait pas plus que ce qu'ils avaient vu. Elle n'avait jamais entendu parler de cette bête mais devinait que cela donnait corps aux légendes de vampirisme de la région. Sarena se leva alors et demanda à ce qu'on la laisse tranquile dans sa roulotte.

Ce n'est pas contre vous mais je n'ai plus goût à rien après cela. Désolée de ne pas pouvoir vous aider. Vous serez les bienvenus pour prendre le thé mais je ne veux plus entendre parler de cette journée.

Elle se dirigea vers la porte de l'auberge.

De son côté, Mihail gardait difficilement pied dans la réalité. Son dilemene interne était palpable. Il se demandait si ce qu'il avait vu était réel ou le fruit de son imagination. Conscient que Nâdish pouvait lui être d'un grand secours dans la sauvegarde de sa santé d'esprit, il lui demanda s'ils pourraient s'entretenir en aparté le soir venu. Il se tourna alors vers Iris.

Il me tarde que la calèche revienne nous chercher. Je n'ai vraiment aucunement l'intention de me promener seul dans ce village, de nuit comme de jour. L'impression que nous avons eu à notre arrivée est bien en dessous de ce qui se passe réellement ici. Je veux bien aller fouiller dans les archives de l'église avec vous tous et sous la sainte protection du père Ilie mais je vous préviens tout de suite que je n'irai pas ailleurs et surtout pas dans les bois.

Il fondit en larmes, certainement sous le coup du stress intense et des émotions contradictoires qui se bousculaient dans sa petite tête.

John quand à lui observait la scène sans dire un mot. On devinait que ce qu'il avait entendu lui paraissait farfelu mais qu'il n'osait pas vraiment prendre la parole pour mettre en doute les dires des investigateurs. Il resta en retrait jusqu'à ce que Drobne, non conscient du drame qui venait de se jouer, apporte un plat fumant et des couverts.

Bon appetit.

Charles revint alors à table, les bras chargés de bocaux.

Après quelques instants à table,il comprit que sa hâte n'avait plus de raison d'être, que la "chose" s'était littéralement envolée..plus la peine de lui courir après.

En tout cas, je propose que nous ne séparions plus dorénavant.remarque,qui avant tout autre personne,s'adressait avant tout à iris.
Pourquoi ne pas retourner chez le prêtre,effectivement.Maintenant , nous savons quel genre d'évenements nous devons rechercher.

Et puis, avec ces quelques bocaux , nous serons mieux armés pour affronter une autre créature.Avec ces bocaux de sauce tomate,nous pourrions la rendre visible,sans attendre que l'un d'entre nous...et puis surtout ..ces bouteilles d'alcool fort pourront embraser la chose,munie d'un chiffon et allumée...

Quant à la recherche du tunnel..cela peut ettendre un peu.L'important est d'assurer notre sécurité.Si nous mourrons ,qui se dressera contre ces abominations?

Au terme "si nous mourrons", Iris eut un geste d'agacement.

Charles! Un homme vient de se faire vider de son sang et toi, tu te prépares à la guerre avec l'excitation d'un gamin face à un nouveau jouet... tu n'as donc aucune pudeur?

"Si nous mourrons"... la belle blague! Mais figure toi qu'il n'en est même pas question! Tu es d'ailleurs peut-être le seul à envisager sérieusement de t'attaquer à cette horreur ou au baron qui doit bien avoir un lien avec ça. Que tu aies en ta possession des bouteilles d'alcool ou même un canon n'y changera rien: nous sommes venus pour enquêter, pas pour mener une attaque sabre au clair.

EN-QUÊ-TER !

Pas mourir pour la gloire comme tu sembles tellement le vouloir, Charles. Nous ne sommes pas en mission sacrée et le monde n'attends pas Charles Fontemer pour être sauvé! Reviens sur terre! Ce baron là est autrement plus difficile à abattre que ton foutu Baron Rouge, parce que nous ne le connaissons pas! Nous ne savons presque rien de lui! Le seul point nouveau est qu'il n'est pas immortel, comme nous l'a précisé la pauvre Sarena... car elle a vu plusieurs générations de barons se succéder sans lien parental direct cependant...

Elle hésite un instant...

Et encore, cela ne fait que prouver que l'enveloppe charnelle des barons de ce pays est bel et bien vulnérable. Mais n'oublions pas que Jeremy était a preuve vivante qu'un esprit peut infiltrer un corps... et je ne serais pas autrement surprise qu'Edouard, cet Elu qui devrait avoir mon âge environ, soit en fait le baron d'aujourd'hui... son enveloppe charnelle du moins. Ca concorderait...

Elle eut un frisson d'horreur.

Mais quoique nous découvrions, ne compte pas sur moi pour m'en prendre à la hussarde à ce qui sommeille en ce château. Je tiens à ma peau, moi! Et s'il faut en finir avec ce château et ses horreurs, nous trouverons des renforts. Il y a mille moyens d'en trouver. Des nationalistes balkaniques que nous pourrions convaincre, des mercenaires que nous pourrions payer... mais pas nous seuls et nos pauvres pétoires.

Le temps des héros, c'est fini, Charles!

Malgré les circonstances,Charles ne pu réprimer un léger sourire devant tant d'emportement.

Iris , du calme ,que diable !

Ces bocaux ne sont que quelques "outils" supplémentaires pour assurer notre sécurité pendant nos déplacements.Si tu n'en veux pas , libre a toi.

Quant à investir le chateau...c'est une toute autre histoire.

A vrai dire, pour l'instant, ma seule ambition est de rester en vie le temps que notre enquête porte ses fruits,rien de plus.

Mais une fois tous les renseignements collectés,s'ils confirment que quelque chose de malsain se passe la-haut,il faudra bien passer à l'action.Et rien n'empeche effectivement de rassembler une horde d'alliés pour cela..

Bref...en pratique : Un repas chaud est le bienvenu,et après ,on repart voir le Père?

Iris se calme un peu mais reste tendue.

Elle n'a clairement pas l'enthousiasme de son compatriote plus habitué qu'elle à vivre au quotidien ce stress lié à l'épée de Damoclès au dessus de leur tête. La Grande Guerre avait semble t-il enlevé tout sens du danger et de l'auto-protection chez certains combattants qui allaient même jusqu'à braver la mort quand celle-ci ne se faisait pas assez pressante. Iris se souvient des numéros d'acrobates sautant sur les ailes d'avions en vol sans parachutes, ou d'équilibristes sans sécurités qui traversent sur un mince fil la distance entre deux toits de gratte-ciels à New York.

Charles faisait partie de ces gens, ces drogués de l'adrénalyne. Ces personnes qui ne se sentent revivre que lorsque le danger est palpable. Mais elle a beau réprimander ce comportement, elle sait au fond d'elle même qu'une personne comme Charles donne au groupe une meilleure chance de survie...

Après avoir signifié à Mihail qu'il était bien entendu disponible pour une conversation privée, Nadish avait pris place à la table et avait attaqué son assiette aussitôt que Drobne les leur avait déposées. L'exploration des parcelles l'avait semble-t-il un peu plus éprouvé que des constitutions plus robustes comme Charles et Andreas.

Il entendait malgré tout les échanges de ses deux compères français. Mais pour ce qui était d'une opinion, il n'en avait plus vraiment maintenant.

Voyons... La découverte du passage menant au chateau du baron n'est peut être plus la priorité. En apprendre un peu plus sur cette... créature? Je crois que ce serait sage si nous sommes amener à la croiser à nouveau. Et les archives du père Ilie me semble être la meilleure source d'information qu'il soit par ici.
Plus tard si nous avons besoin d'une entrée discrete au chateau nous reprendrons la recherche du passage dérobé...

Le docteur continuait à s'alimenter sans prononcer un mot. De toute façon il comptait bien suivre le groupe.
Rester uni lui apparaissait maintenant prioritaire à en juger par l'état mental visiblement agité de ses camarades, Mihail et Pete en tête...

Après un repas qui s'annonçait copieux mais que Iris, Pete et Mihail eurent du mal a avaler, John proposa de se remettre de son côté aux recherches qui l'avaient amenées à Drosvona pendant que les investigateurs iraient retrouver le calme des archives du père Ilie. Ils se séparèrent donc et se rendirent à l'église.

Ils entrèrent dans le lieu de culte qui était largement ouvert en signe d'accueil et trouvèrent le père priant seul devant l'autel. Lorsqu'il les entendit il se retourna et son visage s'illumina.

Voyez-vous cela, je suis bien content de vous revoir. Alors, vous venez poursuivre votre travail de rats de bibliothèque ?

Il les conduisit vers la pièce des archives qui était toujours aussi poussiéreuse. Une grande partie avait été retournée par leur dernier passage et paraissait plus propre ou disons moins abandonnée. Les investigateurs se répartirent la tâche en remontant chronologiquement depuis la fin du XVIème siècle où ils en étaient restés.

Après deux bonnes heures de lecture, régulièrement entrecoupées par une tasse de thé offerte de bon cœur par le père, ils parvinrent à un premier détail intéressant. Entre 1546 et 1622, de nombreux cas de vampirisme avaient été signalés dans la région mais sans qu'aucune conclusion ou lien direct avec le Baron ait été formulé. Ce détail avait une autre explication à la lumière des évènements de la matinée.

Un autre document mentionnait que le Baron avait vraisemblablement enlevé une jeune femme en 1628 et la maintenait séquestrée au château. Plusieurs plus tard, les villageois retrouvèrent son corps mutilé au pied de la falaise en contrebas de la demeure du Baron.

Deux nouvelles heures de recherches conduisirent les investigateurs à la découverte majeure de la journée. Nâdish sortit avec précaution un rouleau scellé d'une étagère. Il était rangé avec des documents du milieu du XVIIème siècle. Ils ne purent dire quoi mais quelque chose de spécial émanait de ce rouleau. A l'observer de plus près, le cachet de cire comportait un signe étrange : une étoile à cinq branches y était stylisée avec en son centre une sorte d'œil à la pupille enflammée. Ils se réunirent tous autour de ce document afin de savoir ce qu'il convenait d'en faire.

Comme tous les investigateurs, Charles trouvait ce document étrange et empreint d'un certain "je ne sais quoi".

De toute facon ,il était évident que pour confirmer ce sentiment, il fallait ouvrir ce parchemin.

Briser ce sceau serait un véritable blasphème archéologique.Charles se souvenait de son père conservant précieusement les sceaux de familles nobiliaires,traités comme des pierres précieuses attestant d'un passé glorieux.

Je pense préferable d'ouvrir ce parchemin sans endommager le sceau..peut être a il lui même une valeur intrinsèque..

Iris hausse un sourcil. Elle prend le document en main, le regarde sous tous les angles. Elle sent comme tous autour d'elle la force qui émane de lui, ce qui trouble chacun bien évidemment.

Un sceau a toujours une signification. Celui-ci comme tout autre. Et le sceau est souvent aussi sinon plus évocateur que le contenu d'une lettre. Je suggère que nous laissions la découverte de ce que contient ce parchemin jusqu'au moment où nous aurons la signification de ce sceau.

Elle le range de côté, dans un endroit peu visible et surtout ailleurs que son emplacement original. Un endroit qu'elle pourra retrouver facilement plus tard.

Nous sommes ici pour étudier, pas pour porter atteinte à la propriété du père Ilie. Nous avons une piste, continuons de la creuser. Cherchons ce à quoi cette symbolique se rapporte.

Regardant l'heure, Iris fait une moue mitigée.

Hmmm... il commence à se faire tard. Et nous avons encore à vue de nez au moins toute la journée de demain pour finir nos recherches dans cette bibliothèque. Ne gaspillons pas nos énergies, nous avons déjà eu une journée rude... bien plus que prévue d'ailleurs.

Elle demanda alors au père Ilie.

Mon père, y a t'il un téléphone dans le village qui me permettrait d'appeler à l'étranger? Il me faut contacter mon université pour leur rendre compte de la bonne marche de mes recherches, vous comprenez...

Honnêtement ,Charles état un peu décu.Il s'était deja imaginé chauffer la lame de son poignard pour faire sauter le sceau sans l'endommager.

Iris préferait apparemment en réferer au vieux croulant de l'université miskatonic,ce en quoi elle avait peut etre raison.Il semblait tout de même avoir été de bon conseil, même si Iris de part son tempérament,rechignait à expliquer ses relations particulieres avec ce personnage hautement versé dans l'occultisme.

Et de toutes facons, vu ce à quoi nous avons affaire,un avis éclairé ne peut faire de mal.

Et puis tant qu'elle sera occupée avec son mentor..je tacherai de trouver un endroit discret pour tester mon cocktail..

Iris semblait deviner les intentions de son compatriote et amant. Les relations intimes de ces deux-là lui ont permis d'appréhender sa psychologie pour savoir ce qui peut se trâmer dans son esprit. Elle lança donc, en le regardant droit dans les yeux:

Et même s'il n'y a pas de téléphone, ce qui serait regrettable, je pense que nous devrions mettre à profit al journée de demain pour ajouter à nos recherches ethnologiques un autre sujet: trouver ce que signifie ce symbole.

Et nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés, bien évidemment... n'oublions pas que nous avons décidé ce matin de ne plus nous séparer!

Après cette journée riche en émotions, les investigateurs remercièrent le père Ilie pour son hospitalité puis s’en retournèrent à l’auberge. Le repas fut silencieux et assez rapide. Personne n’avait vraiment l’envie de se lancer dans des commentaires sur les événements. Chacun ruminait les informations qu’ils avaient découvertes dans les archives. Ils se laissaient jusqu’au lendemain soir pour conclure quand à l’attitude à prendre vis-à-vis du rouleau cacheté.

Après une cigarette pour Nâdish et Charles, tous partirent se coucher en vue d’un lever aux premières heures du jour. Si tout le monde se mettait à la tâche, ils pourraient avoir terminé la lecture des archives avant le coucher du soleil.