03 Fouille du chateau

Lazlo regarda Aindreas droit dans les yeux d'un regard qui mêlait surprise et dégoût. Il se redressa légèrement comme s'il s'était décidé à dire quelque chose a Aindreas. Celui-ci s'approcha et Lazlo lui cracha au visage puis se mit à rire de plus belle.

Vous dire être bon chrétien. Si ça vrai, achever moi. Je rien dire sur Baron.

De son côté, Iris avait beaucoup de mal à réunir ses pensées de manière claire. L'eau fraîche lui fit du bien mais elle restait toujours dans un brouillard cotonneux. Elle versa la cruche sur Nâdish et observa la réaction. Quelques spasmes l'agitèrent mais il continua de dormir du sommeil du juste. Dépitée, elle se rassit. Après quelques instants de réflexion et de discussion avec Pete, elle prit le chemin du petit salon et commença à se saisir de quelques ouvrages. Elle détailla avec tout le soin qu'elle pouvait les titres et auteurs mais rien ne lui parut suspect. Que des classiques.

Les autres fouillèrent le rez de chaussée. La seconde moitié de l'étage qu'il n'avaient pas exploré était constituée de trois pièces. Toutes trois étaient vides hormis quelques meubles pourris recouverts de draps tout aussi pourris. Visiblement, elles n'ont aucune utilité, restent froides et inoccupées, humides et en proie aux rats. Pete remarqua que la cheminée d'une des pièces était très étrangement propre et avait le fond fissuré. Un examen plus minutieux révéla qu'un des candélabres qui était fixé au mur basculait. Une fois fait, le panneau du fond de la cheminée basculait révélant des escaliers qui donnaient vers le bas. Une forte odeur d'humidité laissait penser que ce passage menait aux souterrains que Charles et Aindreas avaient partiellement découvert.

De son côté, étrangère à toutes ces recherches, Iris se concentre sur sa tâche en cherchant désormais dans la bibliothèque, derrière les livres, des cachettes pour des ouvrages moins "présentables". Sait-on jamais!

Ses gestes peu sûrs l'amènent à faire tomber les livres fragiles dont certains tombent en lambeaux. Ils étaient de toute façon trop abîmés pour être utiles...

Aindreas regarda lazlo avec un air attristé.
Tant pis pour toi, je vais te laisser méditer sur ce que tu vas dire au très haut pour ta défense.
Il fouilla la pièce avec les autres et lorsqu'ils eurent découver le passage il dit à Pete:
Je crois que nous allons devoir y retourner.
Il retourna vers Lazlo pour lui prendre quelques cartouches de fusil, posa celui-ci près de Charles et prit son pistolet, qui lui convenait mieux, et descendit les escaliers.

Iris parcourut les rayonnages en détaillant les titres avec toute l'attention dont elle était capable. La plupart étaient en piteux état et seuls les plus récents avaient survécu aux outrages du temps. Elle avisa quelques volumes aux titres intéressants dont elle se saisit.

Liste de livres (par ordre chronologique) a écrit:

* Sacrum Romanum imperium, Johann Heinrich Boecler, 1663

* Historiarum quod extat, Tite Live, 1678

* Dissertatio historica de solutione vinculi quod olim fuit inter Sacrum Romanum imperium et Helvetiam, Joseph Uhland, 1775

* Historia Ecclesiastica, Claude Fleury, 1784

* La Roumanie, ou histoire, langue, littérature, orographie, statistique des peuples de la langue d'or: Ardialiens, Vallaques et Moldaves résumés sous le nom de Romans, Jean-Alexandre Vaillant, 1844

* Mémoires sur l'histoire de la régénération roumaine ou sur les événements de 1848 accomplis en Valachie, Heliade Rădulescu, 1851

* Geschichte Der österreichischen Gesammt-staats-idee, Hermann Ignaz Bidermann, 1867

* Histoire de la Roumanie contemporaine depuis l'avènement des princes indigènes jusqu'à nos jours (1822-1900), Frédéric Damé, 1900

* Histoire de l'esprit public en Roumanie au dix-neuvième siècle, Pompiliu Eliade, 1905

Une fois ces quelques kilos de volumes prélevés, elle s’empressa de vider les étagères afin de voir si un quelconque secret était caché derrière : livre, cachette, symbole, passage secret... Certains ouvrages pourris se désagrégèrent avant même de toucher le sol, d’autres se déchirèrent ou partirent en lambeaux mais à l’évidence cette bibliothèque ne cachait rien. Pas le moindre parchemin oublié, aucune fissure prouvant la présence d’une pierre amovible, pas le moindre bas relief.

De son côté, Aindreas suivi de près par Pete, se lança dans l’exploration de l’escalier secret. Après quelques marches, il se retrouvaient au niveau inférieur. En face et sur leur droite, deux encadrements de porte en pierre. Sur la gauche, le couloir qui rejoignait l’entrée de la tour par laquelle Charles et Aindreas étaient remontés dans la cour. L’atmosphère qui provenait de la droite était légèrement humide et ils n’auraient su dire ce que c’était mais une certaine puanteur flottait dans l’air. La flamme de leur lampe à huile ne leur permettait hélas pas de voir plus loin que l’encadrement des portes.

Es-tu près Aindreas? Je ne sais pas ce que nous allons découvrir, mais il est possible que ce que nous allons voir dépasse l'entendement.
Ce baron est un sorcier d'une nature & d'une puissance qui dépasse ce que nous avons affronté. Qu'a-t'il bien pu faire au plus profond de ces souterrains.
As-tu une torche ou quelque chose qui puisse s'enflammer et brûler les choses que nous verrons.

Pete prit une grande inspiration mais garda sa mâchoire crispé. Il essaya de se rassurer en tapotant l'épaule et il s'engagea dans la pénombre du tunnel.

Si nous nous en sortons...

Pete et Aindreas retenaient leur souffle. Quelle monstruosité le Baron avait-il pu cacher dans ces souterrains ? Prudemment, ils passèrent la porte de droite et débouchèrent dans une vaste pièce carrée au sol pavé. A l’évidence la construction de cette salle ne datait pas d’hier et rien ne rappelait à Aindreas les matériaux utilisés dans les couloirs qu’il avait empruntés un peu plus tôt avec Charles. La pierre utilisée était différente, le sol aussi. En son centre, un puits de trois mètres de diamètre était creusé. La margelle était recouverte de tuiles elles mêmes surchargées d’inscriptions en latin. Quelque chose de malsain émanait de ce lieu, bien plus nauséabond que les volutes qui remontaient lentement des profondeurs. La pièce n’avait visiblement pas d’autre issue.
Revenus près de l’escalier, Pete et Aindreas prirent donc la direction de la seconde pièce. A peine le seuil franchi, une vision d’horreur leur glaça le sang : la salle était remplie de matériel de torture tout droit venu du moyen âge. Au milieu un chevalet présentait encore des taches de sang coagulé, dans un coin un brasero avec de nombreux fers et cochets, des fouets, une dame de fer, diverses lanières et instruments aux formes plus étranges les unes que les autres. Six alcôves étaient creusées dans les murs de roche. Chacune était pourvue d’une solide grille et d’une serrure rouillées. La clef pendait à une lanière de cuir à l’entrée de la salle. A y regarder de plus près, des petits tas d’excréments solidifiés étaient visibles dans la plupart des cages. Se regardant, Aindreas et Pete comprirent le sort qui leur aurait probablement été réservé s’ils s’étaient laissé prendre au piège du Baron. Ils sortirent précipitamment de la pièce et remontèrent le couloir par lequel Charles et Aindreas étaient descendus à la poursuite du Baron.
Arrivés à l’embranchement, Aindreas reconnut aussitôt le mouchoir laissé par Charles. Ils tournèrent à droite et débouchèrent sur un nouveau croisement. A droite une double porte de bois, en face un petit couloir qui tournait rapidement et à gauche un large couloir.
Aucun bruit ne leur parvenait. Ils prirent leur courage à deux mains et décidèrent d’ouvrir la lourde porte de chêne. Derrière, une crypte spacieuse accueillait vingt cinq cercueils sur des dalles de pierre. Ils étaient apparemment disposés par ordre chronologique et les plus vieux, vers le fond de la pièce, étaient couverts de moisissures. Chacun avait une petite plaque aux armoiries Hauptman et mentionnait deux dates. Les plus anciennes étaient illisibles. Un fait marquant était la rupture de continuité entre le début du XVIIème et la fin du XVIIIème. Tous portaient le nom de Baron Hauptman. Le dernier était daté 1886-1928.
Revenant sur leurs pas, ils empruntèrent le couloir en L qui débouchait sur une petite salle aux murs couverts d’étagères, elles-mêmes surchargées de flacons, pots, boites étiquetés ou non renfermant des substances et plantes étranges. Un établi accueillait une balance, des tubes à essais et quelques feuilles de papier griffonnées en latin et en allemand. Certaines paraissaient très anciennes. Trois des tubes contenaient une substance jaunâtre gluante.
Revenus à l’intersection, les investigateurs prirent la direction du grand couloir qui finissait en cul de sac par un mur de briques manifestement bâti à la hâte. Les finitions laissaient franchement à désirer. A mi-chemin le long du couloir s’ouvrait un atelier.
Sur les établis se trouvaient de nombreux miroirs et lentilles. Quelques meules dans un coin et beaucoup de fine poussière au sol laissaient penser que le Baron avait un goût pour le délicat travail du polissage d’optiques de précision. Pete remarqua des traces au sol qui laissaient penser que l’établi contre le mur de droite pivotait.


HRP1 : plans du chateau mis a jour ici
HRP2 : Ce post est volontairement descriptif. Libre à vous de me proposer des actions que vos personnages souhaiteraient faire.

hrp : je regrette franchement de ne pas pouvoir etre de la partie pour plastiquer tout ca !!

Iris, de son côté, regarde avec une moue ce qui reste de la bibliothèque. Ce qu'elle a pu en sauver sont des manuscrits de très grande valeur et cela la réconforte. Au moins quelque chose de positif dans cette aventure. Elle regarde, impuissante, Charles inconscient allongé sur une sorte de divan. Bien que l'hémorragie semble stoppée, il est en piteux état...

Laissant ses bouquins de côté, elle rassemble ses idées et se plante devant Nâdish, ronflant toujours comme un bienheureux. Rassemblant ses forces et sa concentration afin de ne pas se laisser envahir par la torpeur due au poison qu'elle a absorbé, elle vide alors un pichet d'eau froide sur sa tête, puis le gifle avec toute sa force et lui crie (en balbutiant tout de même, le soporifique faisant toujours effet) dans les oreilles jusqu'à ce que celui-ci puisse reprendre ses esprit...

Nâdish! D'bout! Nâââââdish! Charles l'est blessé! Nâdish! On a b'soin d'toi!

Aindreas est ébahi par tout ce fatras, sorti tout droit de mauvaises histoires de Weird Tales.
Il ne compte pas s'éterniser ici et espère qu'ils vont trouver une explication à tous ces appareils de savant fou.
Il prend les documents en latin et en allemand ainsi qu'une des trois fioles.
Devant l'établi il essaya de trouver le mécanisme d'ouverture.

Le mécanisme d’ouverture n’avait rien de sorcier, il suffisait de faire pivoter l’établi. Derrière, un couloir taillé dans la pierre s’enfonçait en serpentant suivant une pente douce. On pouvait sentir un courant d’air frais et après quelques mètres, une ouverture débouchait dans la forêt en contrebas du château. C’était certainement l’ouverture que cherchait John. Elle était dissimulée par des lianes et autres branches de lierre qui la rendaient quasiment invisible au promeneur. Cela devait constituer une issue de secours au château et il y avait fort à parier qu’elle avait été utile lors de la révolte des villageois au XVIIème siècle. Le long du couloir, des infiltrations d’eau avaient provoqué un éboulement et une ouverture vers la salle murée était désormais accessible. Pete et Aindreas risquèrent un oeil par la brèche. Le spectacle leur glaça le sang : la salle servait de tombeau à une section complète de soldats, soit environ deux douzaines. Pete ne put s’empêcher de laisser échapper un cri et vomit dans le couloir. Aindreas le saisit par l’épaule et tenta de le rassurer. Des lambeaux pourris d’uniformes parsemaient encore les squelettes assis le long des murs. Aindreas évalua qu’ils devaient bien avoir une dizaine d’années tandis que Pete reconnut quelques morceaux d’uniformes comme étant ceux de soldats de l’armée Russe Blanche. Une petite caisse recouverte d’inscriptions cyrilliques était disposée dans un coin, à moitié submergée par ce qui devait être le résultat d’infiltrations printanières. Pete comprit qu’elle contenait des grenades à main. A première vue, les armes rouillées des militaires (sabres et armes de poing) étaient inutilisables.

HRP : Pete perd 2 points de santé mentale. Merci de préciser si vous souhaitez entrer dans la pièce pour la fouiller ou si vous passez votre chemin et dans ce cas dans quelle direction. Il reste plusieurs parties du château à fouiller : l’étage, la tour et les écuries.

Aindreas fouille cette pièce, en faisant bien attention de ne pas déranger le repos des morts. Il inspecte la caisse de grenade précautionneusement.

Aindreas avançait prudemment parmi les squelettes en prenant soin de ne pas déranger leur repos éternel. Il farfouilla délicatement dans les recoins de la pièce mais ne put y découvrir que des armes rouillées, inutilisables. La caisse de grenades à main était relativement bien conservée mais certaines étaient détériorées. Il put en sauver deux qui avaient encore une chance de fonctionner, le reste étant trop rouillé où jugé instable pour prendre le risque de les emmener avec soi. Une autre découverte fut faite sur le corps d'un officier, du moins sur un squelette qui portait encore des traces de galons : une petite sacoche en cuir noir qui n'avait pas trop souffert et que l'homme avait jugé utile de garder contre lui jusqu'à la mort. Ce détail était suffisamment intriguant pour qu'Aindreas se risque à l'ouvrir. A l'intérieur une liasse de documents abimés par l'humidité et un petit carnet relié de cuir. Aindreas feuilleta rapidement le tout et du se rendre à l'évidence : il n'entendait rien au russe ! Il prit donc la sacoche et son contenu et ressorti de la pièce aussi silencieusement que possible, comme si le bruit de ses pas pouvait réveiller une quelconque armée de morts vivants.



N'ayant plus rien à faire ici, Pete et Aindreas remontèrent au rez-de-chaussée retrouver les autres investigateurs. Arrivés dans la salle à manger, ils virent qu'Iris, le regard hagard et une pile de vieux livres sous le bras tentait encore et toujours de réveiller Nâdish. Lazlo avait rejoint ses ancêtres, un rictus désagréable sur les lèvres. Charles était toujours inconscient et le bandage de fortune qui lui ligaturait le bras commençait à donner des signes de faiblesse. Alors qu'Aindreas et Pete déposaient leurs trouvailles sur la table, Iris continuait de beugler aux oreilles de Nâdish ce qui visiblement commençait à porter ses fruits. Le médecin donnait de plus en plus de signes de réveil. Tous mirent la main à la pâte et après quelques claques et verres d'eau glacée sur le visage, Nâdish se réveilla complètement. Il était bien entendu complètement hébété mais conscient.

HRP : Nâdish peut tenter une intervention sur Charles pour rafistoler son bras et panser ses plaies. Je tiens à préciser que toutes les compétences de Nâdish et Iris sont diminuées de moitié en raison des effets de la drogue. Pete et Aindreas (et Iris) peuvent continuer le tour du propriétaire s'ils le souhaitent (reste l'étage, les écuries et la tour).

Pete essaya de déchiffrer le livre russe découvert par Aindreas.

Dans son passé, la visite de la Russie ne l'avait jamais déçu.

Il est temps pour moi de dépoussiéré un peu mon russe!! pensa-t'il très fort.

Ce livre peut contenir les clés de leur future réussite face au baron. Ils avaient réussi à faire fuir les habitants du lieu.

Pete prit délicatement le livre d'Aindreas et se plongea dans la lecture. Il commença à froncer les sourcils. L'homme n'avait pas prit sa plus belle plume pour le remplir. Sûrement le stress, la fatigue ou que sais-je d'autres... Puis les souvenirs de russes commencèrent à revenir à Pete.

Pete compulsa le carnet. L’écriture était assez torturée, comme si l’auteur avait beaucoup de mal à se concentrer sur son récit. En première page, Pete lut le nom de l’auteur : Григорий Ефимович Распутин-Новый (Grigori Efimovitch Raspoutine-Novyï). Il avait évidemment entendu parler de ce moine dément qui avait vécu au crochet la famille impériale Russe ainsi que de sa fin tragique. Depuis lors en Russie, certaines croyances populaires s’attachaient à le décrire comme un demi-démon.

Beaucoup de pages étaient abimées par le ruissellement de l’eau mais il semblait bien à Pete que la réputation de moine fou n’était pas usurpée. Des descriptions sordides, des schémas très explicites de cérémonies obscures et diverses formules apparemment directement inspirées de cauchemars constituaient le gros du carnet. Il était tout sauf un journal intime de jeune pucelle. Une étude plus au calme de ce document permettrait sans doute d’en tirer quelque profit.

Quelque chose interpela Pete : comment ces hommes avaient-ils pu mettre la main sur une relique que beaucoup de Russes auraient tué pour ne serait-ce qu'apercevoir ?

Aindreas tend une grenade à Pete une fois que celui-ci a fini de feuilleter le carnet.
Allez Pete, finissons de visiter cette accueillante demeure.
Et il se dirige vers l'étage, après quoi il va dans la tour puis aux écuries.
Il fait attention à ne pas se laisser surprendre par une éventuelle surprise laissée derrière lui par le baron...

Pete et Aindreas empruntèrent l’escalier de pierre monumental qui menait à l’étage. Comme au rez-de-chaussée, les portes étaient disposées symétriquement de part et d’autre de l’escalier. Le passage d’une pièce à l’autre se faisait par une coursive protégée par une rambarde de pierre finement ouvragée. Les investigateurs ouvrirent très prudemment les portes les unes après les autres. Sur le coté gauche, quatre portes donnaient sur quatre chambres quasi identiques. Chacune avait pour mobilier un lit à baldaquin, un coffre, une cheminée et était dotée d’une fenêtre avec vue sur cour. Les volets étaient tous fermés. Malgré une fouille minutieuse, aucune pièce ne révéla de secret. Comme au rez-de-chaussée, cette partie du château était froide et sombre. Personne n’avait mit les pieds dans cette aile depuis bien longtemps.

Sur le côté droit de l’étage, la première pièce était une chambre, visiblement celle de Hauptman. On y détectait toutes les traces d’un passage très récent. Un immense lit a baldaquin occupait la majeur partie de la pièce. Sur les murs, des tapisseries anciennes, des armoiries et des rapières en croix constituaient l’unique décoration. Un épais volume relié cuir était posé sur la table de chevet. Les investigateurs s’arrêtèrent net lorsqu’ils virent sous les draps une forme vaguement humaine.

La seconde pièce était très spacieuse. Une immense fenêtre à croisillons donnait sur la cour et on pouvait même distinguer le ravin en contrebas du château. Elle devait bien faire 4m50 de large et s’étendait du sol au plafond à plus de 3m50 de hauteur. Au vue de la configuration de la pièce avec son massif bureau de chêne et sa bibliothèque, il devait s’agir du cabinet de travail du Baron. Sur les rayonnages, un bon millier de carnets étaient soigneusement rangés. En se saisissant d’un volume, Pete comprit qu’il s’agissait d’une sorte de journal intime scrupuleusement tenu à jour. A en juger par le nombre, il devait bien s’étaler sur plus de 700 ans ce qui donna des vertiges aux investigateurs : le Baron était bel et bien vieux de plusieurs siècles ! Les premiers volumes partirent en poussière alors qu’ils tentèrent de s’en saisir. Cette bibliothèque contenait assurément des informations cruciales pour une meilleure compréhension des motivations du Baron. Les ouvrages étant très nombreux et écrits en latin, ils décidèrent de remettre leur étude à plus tard. Sur le bureau était disposé un grand livre clos par un fermoir. Le titre, en latin, se traduisait par "La confrérie de la Bête". Dans un des tiroirs du bureau, un anneau de fer maintenait quatre clefs dont la plus petite ouvrait le livre. Le texte était en latin. Les quelques premières pages passées, une vaste carte était dessinée, puis tout le reste du volume était constitué d’arbres généalogiques remontant jusqu’à l'Égypte Antique. Ces arbres s’arrêtaient au XIXème siècle et contenaient des centaines de noms de familles aux consonances les plus variées, dispersés sur tous les continents. Dans un autre tiroir, une petite boite en marqueterie délicate aux motifs orientaux se présentait comme un puzzle. Ils passèrent quelques minutes à faire jouer les différents morceaux de bois sans succès. Dans la cheminée, les cendres contenaient des fragments de lettres et de documents divers ce qui laissait penser qu’Hauptman cherchait à détruire des preuves d’une quelconque activité. Peut être se préparait-il à partir quelque part ?

La dernière pièce, sorte d’entrepôt, était un bric-à-brac de caisses et d’objets hétéroclites recouverts d’une épaisse couche de poussière. Vu l’état des objets, ils devaient dater d’au moins un siècle et il y avait fort à parier qu’ils n’avaient pas bougé depuis. Rien d’intéressant ne sautait aux yeux, même après une fouille en règle.

[HRP : Je pars du principe que vous avez effectué une fouille de chaque pièce. S’il y avait quelque chose à trouver, vous l’avez vu où vous ne le verrez pas en fouillant à nouveau. J’attends vos réactions dans la chambre de Hauptman. Je suppose que vous prenez les carnets intimes (précisez les époques : maximum 150 années en répartissant la charge entre les investigateurs valides, les carnets avant 1600 sont inutilisables), le gros livre au fermoir, les clefs (du château) et la petite boite. Je poste rapidement la suite]

Devant la forme allongée sur le lit, Aindreas reste sur ses gardes.
D'une vois qui se veut ferme il s'exclame:
Monsieur, pouvez-vous vous lever ?
en cas de non réponse il la touche du canon du fusil.

La forme sur le lit ne répondit pas et ne réagit pas non plus lorsqu’Aindreas la toucha du canon de son fusil. Si cette forme était bien humaine, elle devait dormir très profondément où ne plus être de ce monde. Curieusement Pete et Aindreas imaginèrent avec beaucoup plus de facilité la seconde option...

Aindreas ne savait pas trop quoi faire de leur découverte. Cette personne avait peut-être besoin d'aide, mais il avait un mauvais pressentiment. Il feuilleta le livre posé sur la table de chevet avant de s'y intéresser d'avantage.

Le livre était un épais volume imprimé sur du vélin de qualité. Sur chaque page, des estampes finement détaillées décrivant toutes sortes de tortures imaginables au moyen d’outils des plus divers et faisant penser à ceux qu’ils avaient trouvés au sous sol. Le texte accompagnant les images était écrit en latin mais nul besoin de savoir le lire pour en comprendre le contenu. C’était le parfait manuel du sadique moyenâgeux et il y avait fort à parier que Hauptman en connaissait les moindres détails. Aindreas ne put réprimer un sentiment de dégout et referma le livre. Se retournant vers le lit, il vit que la surface des draps était animée de très légers mouvements à peine perceptibles.

Aindreas fut rassuré par les signes de vie du dormeur, mais il ne préféra pas le toucher, ce château semblait abriter toutes les horreurs du monde, sorties tout droit des pires contes de fées.
Il avertirai Nadish quand il l'aurai rejoint. En attendant il prit le livre et repartit visiter le reste de la demeure.

Aindreas et Pete redescendirent au rez-de-chaussée avec une pile de carnets et de livres qui s'ajoutèrent à la collection qu'Iris avait sélectionnée. Encore un peu sous le coup de leurs découvertes, ils se décidèrent tout de même à terminer l'exploration du château en commençant par l'écurie. Elle était probablement aussi vieille que le château lui-même. Partiellement effondrée dans un coin, le reste était divisé en deux parties. D'un côté, l'écurie à proprement parler abritait deux chevaux qui mâchonnaient tranquillement quelques céréales. Ils n'avaient pas paru paniqués ou inquiétés par les coups de feu. Le foin ne cachait rien. L'autre moitié était aménagée en quartier d'habitation. Il servait probablement de repaire à Lazlo et a ses sbires: des cartouches de chasse était étalées sur la table, des bouteilles d'alcool vides trainaient un peu partout et des vêtements du même style que ceux que les magyars portaient étaient entassés sur une chaise. Bien évidement, la pièce était inoccupée mais un feu brûlait tout de même dans la cheminée ce qui montrait bien que les hommes vivaient ici. Une fouille de l'endroit ne révéla rien d'intéressant, pas même le moindre objet de valeur.
Pendant ce temps, Nâdish quelque peu hagard réussit tout de même avec les moyens du bord à opérer Charles et à stabiliser son état. Il serait bon de le transporter dans une hôpital avec un peu de matériel supplémentaire mais son état n'avait plus rien d'alarmant. Une atèle de fortune lui immobilisait le bras et de nombreux morceaux de draps constituaient des pansements efficaces.
Pete et Aindreas traversèrent la cour et ouvrirent la porte de la tour, dernière partie inexplorée du château. Le rez-de-chaussée de la tour avait trois accès : outre la porte qui menait à la cour, il y avait un escalier en pierre qui descendait et un autre qui montait. La pièce elle même était vide. Ils montèrent donc l'escalier en direction de l'étage. Une trappe en fer était fermée par un lourd cadenas. Après quelques coups d'épaule, ils se souvinrent qu'ils avaient un trousseau de clef. L'une d'elle ouvrit le cadenas sans problème. La mécanique de la serrure était bien huilée, le baron devait passer par ici assez régulièrement. La pièce avait un parquet en bois et était munie de trois fenêtres toutes closes et barricadées. Ce qui attirait immédiatement l'oeil était un grand télescope pointé vers une trappe du toit actionnable par une petite chaîne. Aucun doute que le baron était un féru d'astronomie : des livres en latin, allemand et anglais étaient ouverts sur une table adjacente au télescope ainsi que de nombreuses cartes du ciel, des traités d'astronomie et d'astrologie et quelques notes manuscrites.
Dans un coin de la pièce se tenait également un écritoire en bois massif sur lequel était ouvert un livre. L’examen de la couverture révéla le titre : De Vermiis Mysteriis par un certain Ludwig Prinn. L’ensemble du texte était en latin et la page à laquelle il était ouvert évoquait l’invocation d’une créature appelée vampire stellaire. Pete remarqua un petit loquet situé sur le côté de l’écritoire. Son actionnement fit basculer une trappe sur l’arrière du meuble libérant ainsi une cachette. Elle contenait deux bouteilles de cristal remplies d’un épais liquide doré ainsi qu’une petite pierre et un parchemin roulé. Les bouteilles étaient scellées par un cachet de cire aux motifs compliqués, assurément magiques. La petite pierre comportait le même symbole que celui découvert sur le cachet de cire dans les archives du père Ilie : l’étoile à cinq branches au centre de laquelle se trouvait un oeil enflammé. Enfin le parchemin une fois déroulé laissa entrevoir un texte écrit en chinois, sauf les deux dernières lignes en latin.
Pete et Aindreas se saisirent de ce qu’ils pouvaient : cartes, livres, fioles de cristal, parchemin et pierre au symbole étrange. Ils retournèrent auprès des autres et comme il n’y avait plus rien de spécial à tirer du château, ils décidèrent de lever le camp et de rejoindre l’auberge afin de souffler un peu.

Avant de quitter les lieux, Iris prit soin de bouter le feu dans la salle à manger et la cuisine. Le vieux bois et les vieux bouquins tombant en ruine seront de bons combustibles... et l'histoire de ce château doit avoir une fin.

Repartant vers le village, c'est avec une grande satisfaction qu'elle assista aux flammes léchant les structures du château et les énormes moellons tomber les uns après les autres, minés par les poutres affaiblies par le feu et cédant sous leur énorme poids.

Arrivés enfin à l'auberge, chacun s'afféra et nul ne dit mot. Charles était bien évidemment transporté dans sa chambre. Il devra prendre le prochain transport hors de ce village, comme le reste de l'équipe d'ailleurs. Iris alla rechercher Mihail qui était caché chez la mère de leur aubergiste, ne lui donnant que peu d'explications. Tout juste a t'elle pu lui dire que le seigneur des lieux leur avait tendu un piège et qu'il s'était enfui, laissant le château en flammes. Un fou. Du moins c'est ainsi qu'elle le lui présenta.

Arrivés de nouveau à l'auberge, après un bon dîner réparateur (pas soporifique, celui-là), Iris prit les documents retrouvés par Aindreas et s'attela à tous les déchiffrer. A l'exception du Chinois, probablement, car avoir des facilités en langues étrangères ne peut pas aider lorsque l'on ne peut lire les idéogrammes!

Mais bon... un ami Chinois de l'Université pourrait lui être utile... on verra bien...

Les investigateurs passèrent les jours qui suivirent à compulser les documents qu’ils avaient ramenés du château. Curieusement, personne au village ne semblait s’émouvoir plus que ça de l’incendie de la demeure du Baron. Iris et Mihail crurent même surprendre des conversations où certains espéraient qu’il ait péri dans les flammes. Charles resta au repos, cloitré dans sa chambre. Iris était aux petits soins, et Nâdish faisait tout son possible pour assurer un suivi médical de qualité dans une campagne aussi reculée. L’analyse prioritaire des documents concernant directement le Baron et ses activités permit de dégager des renseignements intéressants.
Ils ne disposaient pas de ses date et lieu de naissance précis mais le Baron faisait mention dans son journal de voyages avec les croisés jusqu’en Terre Sainte puis jusqu’aux Indes où il aurait étudié la magie avec un vieux sage. Son corps ne pouvant subir sans dégradation les outrages du temps, le Baron avait découvert un moyen d’échanger son esprit avec celui d’un homme plus jeune. Une fois ce transfert réalisé, il assassinait sans ménagement son ancien corps où l’âme de sa victime était enfermée. Il avait ainsi pu préserver son esprit sur plus d’un millénaire. La succession de corps qu’avaient découvert Pete et Aindreas au sous sol étaient donc les anciennes enveloppes charnelles du Baron devenues trop vieilles et inutiles au cours du temps. Cette idée fit frémir les investigateurs.
Une fois aux Indes, il avait fait connaissance d’un sorcier puissant nommé Lang-Fu. Celui-ci était décrit comme assez étrange, ressemblant fort à un batracien, et surtout incroyablement puissant. Ensemble, les deux hommes créèrent une société secrète appelée « Confrérie de la Bête » dans le but d’aider à la réalisation de la prophétie de Nophru- Ka. Le gros livre fermé par un cadenas livrait plus d’informations sur cette société et ses projets. Vers 1750 avant JC, sous la XIVème dynastie, un prêtre égyptien du nom de Nophru-Ka fut exécuté pour avoir voué un culte à des dieux impies et fomenté un complot contre le Pharaon au pouvoir. Dans son dernier souffle il aurait formulé une prophétie menaçant d’extermination les fils de Pharaon par l’intermédiaire d’un de ses descendants contrôlant une Bête particulièrement sanguinaire.
Les arbres généalogiques à la suite du livre entraient en résonance avec ce texte et la correspondance que les investigateurs avaient trouvée entre le Baron et le Dr Cornwallis. Une case au nom d’Edward Chandleur mentionnait sa naissance le 1er février 1880. Il était donc un descendant direct du prêtre diabolique. La carte révélait l’emplacement de la tombe du prêtre. Selon toute vraisemblance, cet endroit était capital pour la réalisation des projets de Hauptman et de ses acolytes, dont l’Elu Edward Chandleur. Le nom du prêtre rappelait quelque chose à Iris et elle eut soudain une illumination. Il se trouvait qu’une équipe de l’Université de Miskatonic était en ce moment même à la recherche de cette tombe à proximité de la Vallée des Rois en Egypte. L’équipe était menée depuis un an et demi par le Dr Galloway et certains de ses étudiants faisaient partie de l’aventure.
Dans ses journaux intimes, le Baron se réjouissait de la fin proche et de la réalisation de la prophétie. Les dernières pages de ses journaux révélèrent qu’il s’apprêtait à rejoindre l’Egypte pour les derniers préparatifs. Au-delà de la simple réalisation d’une prophétie, les investigateurs réalisèrent que les projets du Baron conduiraient certainement à de grande destructions et à la mort de centaines voire de milliers d’innocents. La calèche pour Klausenburg arrivait le lendemain. Il fallait donc se décider rapidement sur la suite des évènements.

[HRP : la lecture des journaux du Baron et des documents liés à la confrérie font perdre 6 points de santé mentale aux investigateurs et gagner 7% en Mythe de Cthulhu. Cette perte de santé mentale est partiellement compensée par un gain de 4 points dus à la satisfaction d’avoir chassé le Baron de ce Château et la reconnaissance que leurs témoigneront discrètement les villageois (surtout le père Ilie).
Il vous reste quelques documents à consulter :
- les notes en latin sur la margelle du puits
- les divers documents trouvés dans le laboratoire d’alchimie
- le journal de Raspoutine
- le gros livre dans l’observatoire (De Vermiis Misteriis)
- le parchemin en chinois trouvé dans l’observatoire
Quelques objets à analyser :
- la boite en marqueterie
- les tubes à essais du laboratoire d’alchimie
- les fioles en cristal de l’écritoire]

Et bien mes amis, si je pensais en arrivant que nous allions détruire un si beau château... malheureusement notre baron s'est échappé. De toutes façons il n'avait pas l'air très bavard. Ah ah... Je suppose que nous allons rentré sagement dans notre chère Amérique, personnellement j'en ai assez vu du vieux monde pour le reste de mes jours.
Aindreas priait secrètement pour que ses camarades soient du même avis, il voyait d'un mauvais oeil les allusions d'Iris à cette expédition égyptienne, il avait même cru voire briller ses yeux quelques instants quand elle avait prononçaé les mots "Vallée des rois".

Iris acquiesce d'un mouvement de la tête.

Vous avez raison, Aindreas. Il va nous falloir rentrer chez nous avec le prochain transport qui nous fera sortir de ce village. Demain, si je ne me trompe. Je passerai le temps du voyage de retour à essayer de déchiffrer certains ouvrages à ma portée.

Elle saisit certains ouvrages et les met sous son bras. Parmi eux, les notes en latin sur la margelle du puits, les divers documents trouvés dans le laboratoire d’alchimie, le journal de Raspoutine et le gros livre dans l’observatoire (De Vermiis Misteriis).

Pour ce qui est du parchemin en chinois, il me faudra le concours de collègues à l'Université. Cela prendra donc plus de temps. Nous avons aussi à finaliser le compte-rendu de notre expédition avec Mihail, afin de rendre un travail ethnologique digne de ce nom à l'Université qui me permit de venir ici par son financement. C'est important pour ma carrière et les études de Mihail.

Le jeune homme n'était pas là. Depuis le retour des aventuriers, il est mis à l'écart des conversations et Iris l'avait consigné à sa chambre. Pour elle, les choses étaient désormais claires en ce qui le concernait: elle terminera son travail avec lui en travaillant en étroite collaboration et s'assurera que cette expérience malheureuse restera un vague souvenir pour le jeune homme. A bien y repenser, c'est assez chanceux qu'il ne lui soit rien arrivé de fâcheux ni qu'il ait été trop exposé aux mystères qu'ils pourchassaient.

Je me charge de gérer Mihail et la partie officielle de notre expédition actuelle, mes amis. Mais une fois que nous serons rentrés et tous ces documents déchiffrés, il nous faudra nous concerter. Vous savez que mon université finance des travaux archéologiques dans la Vallée des Rois actuellement, ce qui serait une formidable opportunité pour y aller de manière officielle.

Mais y aller n'est qu'une moindre difficulté comparé à ce qui nous y attend. Quelle que soit votre décision à chacun de vous, sachez que j'irai dans la Vallée des Rois. Les résultats de nos lectures montrent bien que nous ne devons pas tarder, car un événement majeur et maléfique est sur le point de se dérouler là bas. Rester à Arkham ou aller risquer ma vie là-bas revient au même, si le résultat au final est de redonner vie à une divinité païenne capable d'engendrer l'apocalypse. Je ne peux plus reculer, mes amis.

Je comprendrais que certains d'entre vous préféreraient arrêter là et je ne force personne à me suivre. Mais je voulais vous dire quels étaient mes plans, mes amis.

Elle regarde les objets restant de leurs aventure.

Quelqu'un s'y connaîtrait assez pour inspecter ces objets? Je n'y connais pas grand chose... et puis mes lectures et la mise en forme définitive de mon rapport d'expédition ethnologique me prendront bien du temps.


Elle est sereine désormais. La simple connaissance de quoi il en retourne en réalité semble avoir été un déclic l'amenant à envisager son avenir et ses actions futures avec calme et gravité. Aurait-elle muri?

(hrp: je considere que je ne suis pas present, me reposant dans la chambre..neanmoins j'aurai une conversation avec iris des que possible, dans la mesure de mes possibilités physiques)

Pete regarda les objets les uns après les autres.

Mon métier de journaliste m'a permis de rencontrer plusieurs brocanteurs doués pour expertiser ces objets. Je ne crains malheureusement qu'il me faudra repasser par notre bon vieux continent américains.

Pete se demanda quand même qui était la personne qu'ils avainet laissé périr dans le château: un sbire du comte ou un malheureux capturé par le comte?

Le long travail d'expertise et de déchiffrement de tous les documents et objets accumulés commença pour les investigateurs.

De son côté, Pete s'attaqua au complexe journal de Raspoutine. Outre des passages particulièrement croustillants sur la vie du moine dément avant son arrivée à la cour, on y trouve, décrits avec luxe détails, des récits d'expériences manifestement ratées visant à prolonger la vie. Les scènes où Raspoutine décrit l'agonie de ses sujets d'expériences sont particulièrement éprouvantes. Dans sa quête de la vie éternelle, le moine a également beaucoup voyagé à travers toute la Sainte Russie, écumant les villages à la recherche de savoirs perdus. En 1907, il parvint dans un hameau de Sibérie où il entra en contact avec ce qu'il décrit comme une entité supérieure. La créature était décrite comme un immense amas de pseudopodes à la fois gluants, luisants et hautement mortels. Plusieurs villageois furent tués à leur simple contact. S'en suivit une désastreuse tentative de communication qui se solda par une explosion ravageant une bonne partie de la région. Raspoutine en sortit miraculeusement indemne, sans doute déjà partiellement béni des dieux païens qu'il adorait alors.

A la suite de cette lecture éprouvante, il chercha dans ses contacts quelqu'un qui pourrait solliciter pour expertiser les objets qu'ils avaient entre les mains. Il y avait bien ce bon vieux Jacob Schlafenzieguth, expert bavarois en antiquités. De retour à la civilisation, Pete écrivit un télégramme pour ce dernier en sollicitant un rendez vous sur le chemin du retour, à Munich.

Iris passa le voyage du retour à Klausenburg à compulser les notes en latin. Le texte trouvé sur la margelle du puits obscur et puant visait vraisemblablement à invoquer une créature tout aussi étrange que celle mentionnée dans le journal du moine. L'invocation, qui servait apparemment également de révocation, était assez facile à apprendre et Iris y consacra un recoin de sa mémoire, ne serait ce que pour repousser cette entité du mal s'ils devaient la croiser. Entre deux séances d'apprentissage, elle se consacra également aux notes en allemand et latin trouvées dans le laboratoire d'alchimie. La plupart parlaient de recettes étranges mais assez banales pour quiconque a une idée de ce qu'un alchimiste peut faire dans un laboratoire secret : distillations en tout genre, mélange de bave de crapaud et de rosée, recherche de la pierre philosophale... Une recette retint cependant l'attention d'Iris. Il s'agissait de la préparation de ce qui était appelé breuvage de l'espace. A partir d'ingrédients très peu ordinaires comme des viscères de serpent, fragments de météorites, pierre de lune et autres morceaux de cerveau humain, il était possible de concocter une potion capable de maintenir celui qui la buvait en une sorte de stase physique lui permettant de voyager sans encombre dans l'éther de l'espace. Le résultat était un liquide décrit comme doré aux éclats irisés et Iris se dit que c'était peut être ce que contenaient les fioles qu'ils avaient trouvé dans l'observatoire.

Les investigateurs se passèrent tour à tour la petite boite en marqueterie. A l'évidence il s'agissait d'un de ces casse tête fort prisés au Moyen Age. Après de nombreux essais infructueux, ce fut finalement Aindreas qui parvint à résoudre l'énigme et à ouvrir la boite. Il n'y avait à l'intérieur qu'un petit rouleau de parchemin, si vieux qu'il devait être extrêmement précieux aux yeux de Hauptman et donc digne d'intérêt pour les investigateurs. Ils le déroulèrent avec le plus grand soin. Les caractères étaient assurément de l'arabe qui devait remonter au Moyen Age. Malheureusement, personne ici ne parlait cette langue ou n'avait la moindre notion de cette écriture. Encore une mission pour un linguiste de l'Université d'Arkham.

La lecture du gros livre en latin (De Vemiis Msyteriis[/i]) fut remise à plus tard, car a priori très longue.

[Hors Jeu : Pete perd deux points de santé mentale et gagne 2% en Mythe. Il parvient à apprendre le sortilège « appeler/renvoyer Azathoth ».
Iris apprend le sortilège « appeler/renvoyer Nyogtha » et perd un point de santé mentale.
Ceux qui souhaitent tenter d'apprendre des sortilèges, merci de me le dire.]

Le voyage du retour fut pour tous une occasion de faire le point sur les découvertes de la semaine passée à Drosvona. Mihail avait miraculeusement échappé aux tourments qui torturaient maintenant les investigateurs. Ils durent lui expliquer que l'état de Charles était dû à une mauvaise chute. Spectateur qu'il avait été de la mort de Vech, le jeune étudiant ne fut guère dupe de cette histoire, mais ne chercha pas non plus à en savoir plus. Il ne demanda rien non plus sur la provenance de la pile impressionnante de livres et documents divers qui prenaient une place monstre, à tel point qu'ils avaient dû acheter une malle supplémentaire à Klausenburg. De passage en Allemagne, ils firent un crochet par Munich pour rencontrer le sieur Schlafenzieguth, expert en objets anciens. Malheureusement il ne pu leur apprendre d'autre chose que la boite en marqueterie datait probablement du XIIIème ou XIVème siècle et provenait de Chine. Il leur proposa un bon prix qui couvrirait aisément leurs frais de voyage.

Une fois le barda chargé sur le bateau en Allemagne, tous furent soulagés de quitter le Vieux Monde pour retrouver leur quotidien aux USA. Le voyage se passa sans encombre. Chacun put lire et relire à loisir les précieux documents arrachés aux griffes de Baron. Iris se risqua à lire le De Vermiis Misteriis à la page où Pete et Aindreas l'avaient trouvé ouvert : il s'agissait encore une fois d'une incantation destinée à faire accourir (était ce le bon mot?) une créature appelée Vampire Stellaire. La description et les schémas hésitants associées à la page ne laissaient planer aucun doute : c'était bien la créature qu'ils avaient rencontré dans les bois et qui avait réduit le pauvre Vech en bouillie avant d'en aspirer le sang. Elle ne se risqua pas à lire d'autres pages et reposa le livre bien au fond de la malle.

L'arrivée aux Etats-Unis fut assez morose. Tous avaient vécu tant d'aventures en commun qu'ils avaient beaucoup de mal à se quitter. Bien conscients qu'ils avaient mis le doigt dans un engrenage infernal, ils savaient qu'ils seraient rapidement amenés à se retrouver pour tenter de mettre fin aux projets macabres du Baron. Ils se laissèrent tout de même le temps de la réflexion. Le mois de juillet s'annonçait chaud. Chacun s'en retourna vers ses occupations. Iris passa quelques semaines à chapeauter Mihail dans la rédaction du mémoire de leurs investigations sur le terrain. Elle lui attribua une excellente note qui ravit l'étudiant. S'en suivirent quelques présentations en amphithéâtre durant lesquelles il se montra étonnamment à l'aise. Les informations que le professeur et son élève avaient ramenées de Roumanie avaient suscité un grand intérêt parmi la communauté des ethnologues. Les témoignages de la grand-mère de Drobne étaient particulièrement émouvants et son évocation des légendes locales impressionnante de réalisme.

Iris profita de son retour à l'Université de Miskatonic pour deux choses. Tout d'abord, sous prétexte d'avoir trouvé des textes poétiques durant son périple en Europe, elle sollicita l'aide de linguistes parmi ses collègues pour obtenir une traduction des textes en chinois et arabe. Elle avait eu l'intelligence de découper le texte en plusieurs morceaux afin de n'alarmer personne en cas de contenu trop étrange. Le texte en chinois se lisait comme suit :

Citation :

... et la Grande Salle est gardée par les serviteurs et l'homme doit porter avec lui le Signe des Anciens. Un homme sage ne regardera pas ces serviteurs car il pourrait s'emparer de sa mémoire. Un homme n'emportera pas non plus de connaissance avec lui lorsqu'il partira ou le Dormeur se réveillera pour prendre cette connaissance à l'homme, et l'homme lui-même.
Les écrits de la Bête se trouvent dans la seconde galerie de droite, ces galeries ne sont pas gardées par les serviteurs mais le voyageur prudent fera bien d'éviter les autres voyageurs qu'il pourrait rencontrer.
Traduit de l'original du Texte de R'lyeh par le Baron Hauptman, 1238 après J.C.

Le texte en arabe comme suit :

Citation :

... et l'on rêva à nouveau du prêtre Nophru-Ka et des mots qu'il prononça à sa mort, comment le fils se lèverait pour réclamer le titre, régirait le monde au nom de son père, vengerait le meurtre du père, convoquerait la Bête qui est vénérée, et comment les sables boiraient le sang de la descendance du pharaon, et ainsi parla Nophru-Ka.
D'après le Kitab al-Azif

En second lieu, elle se rendit auprès du professeur Armitage pour une entrevue spéciale au sujet des choses dont elle avait pris connaissance en Roumanie. Celui-ci, à mesure qu'elle lui contait leur incursion dans le château, blêmit et ne put s'empêcher de joindre les mains en une prière. Lorsqu'elle lui expliqua qu'ils étaient maintenant allés trop loin et qu'ils ne pouvaient plus faire autre chose que de tout tenter pour mettre fin aux projets du Baron et de son élu, son air se fit plus grave. Il expliqua alors ce qu'il savait des puissances que les investigateurs n'avaient fait qu'approcher. Le monde moderne était en fait en proie à de nombreuses créatures que certains appelaient divinités. Pour la plupart, elles étaient réelles et terriblement puissantes. Quelques poignées de fanatiques de part le monde ne pouvaient s'empêcher de les vénérer. Le Baron Hauptman en faisait certainement partie. Ces créatures offraient parfois à leurs adeptes des pouvoirs qui dépassaient l'entendement. Peu d'hommes sains d'esprits avaient réussi à combattre ces abominations, et Armitage en faisait partie. A l'évocation des parchemins, il devint encore plus pâle.

C'est encore pire que ce que je croyais. Voyez-vous chère Iris, j'ai eu accès durant mes jeunes années à quantité d'informations secrètes que j'ai dissimulé. Le texte de R'lyeh aurait été écrit vers 300 avant J.C. sur des tablettes d'argile qui n'existent certainement plus. Elles parlent de quelques unes de ces divinités qui sommeilleraient aujourd'hui au fond des océans. Bien entendu on ne sait pas si cela est réel ou pas mais je doute fort que cela soit pure invention. Le al-Azif est un autre livre aussi appelé livre des morts ou Necronomicon en grec. C'est quelque chose de particulièrement éprouvant à lire et, pour en avoir parcouru quelques pages d'un exemplaire plus récent en latin, je dois vous dire que je n'ai jamais rien lu de tel. J'ai du en stopper l'étude avant de sombrer dans la folie. Je ne pourrais que trop vous conseiller de bien prendre la mesure de ce que vous vous apprêtez à affronter. Le Diable en personne n'est qu'un pantin face à ces choses. Je ne peux pas vous accompagner mais je vous donne ceci.

Il sortit de sa poche un flacon de verre rempli d’une poudre vert de gris.

Certaines des créatures dont nous parlons sont sensibles à cette poudre. Si vous avez le malheur d’en rencontrer une, jetez lui en au visage et courez à perdre haleine sans vous retourner. Vous devriez avoir assez de poudre pour occuper trois créatures.

De son côté, Aindreas fit jouer ses relations pour faire analyser les tubes de liquide jaunâtre trouvés dans le laboratoire d’alchimie. Il s’agissait en fait d’un puissant somnifère, probablement celui que le Baron avait utilisé pour les droguer. Aindreas les versa dans deux petits flacons hermétiques qu’il dissimula sous son manteau.

[Hors Jeu :
Merci de me dire si vous souhaitez vendre la boite en Allemagne ou pas.
Iris a acquis un flacon de poudre étrange.
Charles a appris le sortilège « Appeler/Renvoyer Azathoth », « Appeler/Renvoyer Nyoghta » et « Appeler/Renvoyer un Vampire Stellaire ». Ceux qui souhaitent les apprendre sont les bienvenus. Iris et Charles gagnent 2% en Mythe de Cthulhu. Charles perd trois points de santé mentale.
Vous avez acquis deux doses de puissant somnifère.
Ceux qui souhaitent lire tout ou partie du livre De Vermiis Misteriis sont invités à se faire connaitre.]